jeudi 7 avril 2011

L’art de la caricature politique du XVIII° siècle.

« Caricare » : charger un fusil avec de la poudre.
Cette étymologie me paraissait en accord avec le sujet de la conférence de Gilles Genty aux amis du musée. Elle permet de dépasser un statut d’art mineur en misant sur l’efficacité, la fulgurance, le partage avec le plus grand nombre.
Lebrun avait codifié les divers moyens de représenter les sentiments et les expressions et devant le succès avait prolongé son cours par des tirages destinés à un public plus large.
Mais qui de mieux que Diderot dans son Encyclopédie pour rappeler les fondamentaux ?
" L’art consiste à démêler le vice réel ou d’opinion qui était déjà dans quelque partie, et à le porter par l’expression jusqu’à ce point d’exagération où l’on reconnaît encore la chose, et au-delà duquel on ne la reconnaîtrait plus ; alors la charge est plus forte qu’il soit possible."
L’abbé Grégoire donne envie de mieux connaître son œuvre quand il écrit : « Le législateur qui méconnaitrait l’importance du langage des signes, serait en dessous de sa mission, il ne doit laisser aucune occasion de s’emparer des sens, pour réveiller des idées républicaines ». Il parle d’or quand se réinvestissent tous les symboles y compris pour les moquer voire les mettre à bas.
En ces années révolutionnaires, seule la figure du roi était connue par les pièces de monnaie, il était nécessaire de sous- titrer les dessins à la pointe sèche ou les gravures à l’eau forte rehaussées de couleurs au pochoir. Les colporteurs, les placards sur les murs assurèrent une propagande à ces images qui commençaient leur règne. C’est le passage aussi du privé au public, et si nous furent épargnées les charges les plus crues envers Marie Antoinette, la virilité de Louis Capet, apprenti serrurier, est mise en doute. Le plus souvent c’est l’anonymat qui régnait, même si une gravure de David a pu être tirée à 2000 exemplaires. Au fur et à mesure des tensions, la violence des représentations augmente et mesure l’état de l’opinion.
Les rapports hiérarchiques basculent et les formules passent de« il faut espérer que ce jeu là finira bientôt » à « J' savois ben qu' j’aurions not' tour ! » Ce sont les titres pour signifier que le temps où la noblesse et le clergé chevauchaient le tiers état est révolu, nous en avons vu des versions féminines plus originales que celles qui figurent dans nos livres d’histoire.
J’ai découvert également avec plaisir James Gillray, même si l’anglais se montrait virulent envers la révolution française en n’hésitant pas à représenter les révolutionnaires en anthropophages. John Bull se fait également apporter la flotte française sur un plateau avant de la dévorer. Une gravure de l’assemblée des Capucins ou « l'harmonica des aristocruches » a bien été présentée, mais la verve d’alors m’a semblé avoir perdu de cette énergie qui enflamma ces temps où les sans culotte étaient montrés culs nus.
Napoléon brise ses échasses quand il effectue le grand écart entre Madrid et Moscou.
Nous entrons dans le XIX ° siècle.

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