dimanche 14 novembre 2010

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L’espace gris bleu de la scène du petit théâtre de la MC2 s’ouvre au-delà d’un asile qui serait situé dans une île : nous sommes avec trois hommes et deux femmes dans cette aire à parler du temps pour nous rassurer, à nous appliquer à trouver un cousin qui a vécu la même chose, à vitupérer, à regarder le monde, à débarrasser des chaises. La causette pour se recoudre. J’essaye d’éloigner un romantisme indécent fasciné par la folie parce qu’elle irait au-delà des convenances, des apparences. Je me suis senti concerné par cette mise en scène de Chantal Morel d’une pièce de David Storey adaptée par Duras. Beckett ou Ionesco peuvent être convoqués, mais les personnages ne m’ont pas parus comme des véhicules d’une conversation philosophique, leur fragilité m’était proche. « Comment avoir le temps d’avoir un passé ? » peuvent-ils se dire, eux qui cherchent à l’enfouir ce passé et se le jettent au visage, en remplissent des mouchoirs.

1 commentaire:

  1. Plus je passe du temps avec "mes fous", plus je me demande QUI est vraiment fou, dans le fond.
    Nous arrivons à un point de la culture où tout d'un coup, ça bascule. Ceux qu'on a cru fous... et bien, ils vont nous paraître de moins en moins fous. Et ceux que nous avons idolâtré comme étant "normal", et bien, ceux là vont être étiquetés.
    C'est assez fascinant, je te l'accorde.
    Et plus on va dans cette direction, plus j'adhère à l'antipsychiatrie.
    Pour des raisons très complexes.
    Parce que.. moi je sais ce qu'est la folie. Pas besoin d'en être fascinée, je l'ai vécue. A ma manière. Je n'en ai même plus peur...
    La "folie" fait partie des étiquettes qu'emploie une société qui carbure à l'exclusion. Elle a une tonne d'étiquettes, la société de l'exclusion. Une étiquette pour chaque front, presque pour chaque.. ORGANE, même.
    Avec la multiplication des inégalités, et du chômage, avec la banqueroute de la valeur "travail", la "folie" va gagner du terrain, jusqu'à ce qu'on réalise que nous avons fabriqué des mots pour parler de la souffrance humaine, pour l'éloigner la plupart du temps, pour nous convaincre que ça ne pourrait pas être NOUS, dans ces étiquettes.
    Ça, j'y crois pas du tout, et depuis longtemps, même.

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