jeudi 16 septembre 2010

Barcelo à Avignon.

Depuis le temps que le cherchais, il était en Avignon dans trois lieux, le vibrant résident des Baléares en pays Dogon: peintures dans le bel hôtel particulier de la fondation Lambert, sculptures dans le palais des papes, et rapprochements avec les œuvres moyenâgeuses de Majorque au musée du petit palais.
Je me sens concerné par cet artiste qui rassemble Afrique et Europe, peinture et sculpture, patrimoine et recherche, « terramare ». La terre du Mali convient bien à l’intensité de ses œuvres : des aquarelles aux poteries, quand quelques traces sur des briques élémentaires leur font prendre des allures de masques, quand la peinture sculpte la lumière. Mais aux pieds des gisants illustres lorsque des chiens les réchauffent pour l’éternité, ce n’est pas l’impertinence de l’artiste majeur d’aujourd’hui qui étonne le plus. Un éléphant dressé sur sa trompe swingue devant le palais des papes ; humour conventionnel qui séduit mais ne rend pas compte de l’intensité, de l’ampleur d’une œuvre où quelques poivrons ont la force que voyait Cezanne dans le rouge des babouches des femmes d’Alger de Delacroix : "Quand je vous parle de joie des couleurs, tenez, c'est cela que je veux dire… Ces roses pâles, ces coussins bourrus, cette babouche, toute cette limpidité, je ne sais pas moi, vous entrent dans l'œil comme un verre de vin dans le gosier, on en est tout de suite ivre." D’une brindille dans la poussière, le rêveur trace la silhouette d’une chèvre. Par les craquelures de la latérite, la vie pousse, la fantaisie frétille, la gravité enroule ses volutes. De tout son corps.

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