vendredi 18 septembre 2009

Le voyage dans le passé

Quel régal de découvrir un livre aussi vif, sensible profond ! La nouvelle du grand Zweig, encore inédite 80 ans après, était en évidence à la librairie du Square et c’est un bonheur accru d’oublier encore plus vite les coups éditoriaux bling de nos années bling.
« “Te voilà !”, dit-il en venant à sa rencontre les bras ouverts, presque déployés.
“Te voilà”, répéta-t-il et sa voix grimpa dans les aigus, passant de la surprise au ravissement, tandis qu’il embrassait tendrement du regard la silhouette aimée.
“Je craignais tant que tu ne viennes pas !” »

C’est ainsi que commencent ces 100 pages avec cette clarté, cette force.
Un homme et une femme se sont voués un amour idéal et platonique, ils se retrouvent après dix ans de séparation. Sur un thème simple, évident, la subtilité de l’auteur nous rend cette histoire présente, bien que le contexte historique ait pesé sur ces destins. Il n’y a rien de daté dans ce récit nerveux, où la différence des classes sociales n’est pas qu’une tapisserie, où la tragédie vous empoigne doucement.
C’est la vie et quand c’est dit ainsi que c’est beau !
La littérature nous rend plus riche même si Zweig dit que la littérature n’est pas « pas la vie » mais un « moyen d’exaltation de la vie, un moyen d’en saisir le drame de façon plus claire et plus intelligible ». Tout à fait.
Elle lui avait lu ce poème de Verlaine, innocemment.
« Dans le vieux parc solitaire et glacé, Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles.
Te souvient-il de notre extase ancienne ? Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? -Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! -C’est possible.
Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir ! L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles. »
Pour les lecteurs quotidien du blog: je reprends les publications lundi.

1 commentaire:

  1. Alléchant , pour le moins....Moi qui ai tant de mal à lire ces temps derniers, je dois dire que l'auteur que j'aime particulièrement et le sujet me ravissent.
    VA

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