mercredi 17 juin 2009

Sciences. Faire classe # 34

Histoire, géographie, sciences forment le triptyque de la dernière heure d’une journée de classe.
Ces disciplines jadis qualifiées d’éveil requièrent un dispositif similaire :
quatre pages A4 par thème avec des emplacements pour croquis mis au propre iront dans le classeur. Le carnet de croquis est souvent sollicité sur le vif. Ainsi que des séquences vidéo ou animations sur internet.
L’écolier d’un XXIème siècle, risque d’imaginer que l’air est composé uniquement d’ozone et de gaz carbonique, son corps le lieu menacé par le S.I.D.A. ou l’obésité : de quoi être stressé !
Alors il faut aller à la rencontre des éléments primordiaux : la terre, l’eau, le feu, l’air, le corps. Le temps, l’espace : la leçon des choses, les sciences naturelles.
Les oreilles pour le récit, les yeux pour les paysages, les mains pour la vérification des rouages.
« …ils écrivent des libelles, ou de prétendues sommes scientifiques, où ils mettent en question tout et le reste. Rien de ce qu’on pensait n’est plus vrai, à les entendre ; on a changé tout ça. Voilà que dans des verres d’eau nageraient de toutes petites bestioles qu’on ne voyait pas autrefois ; et il paraît que la syphilis est une maladie tout ce qui a de plus normale et non un châtiment de Dieu… »
P. Süskind
Les sciences constituent les piliers du temple de la raison et dans chaque école le seul saint admis s’appelle Thomas qui demandait à voir pour croire. Il ne s’agit pas de gonfler des biscotos d’un athéisme primitif parodiant d’autres fondamentalismes. Les mystères fabuleux qui ordonnent le ballet des planètes ou les alchimies fascinantes du corps éloignent de tout dogmatisme.
Dans les années soixante, je regardais le magazine « Sciences et vie » avec respect, il reflétait une croyance optimiste en l’avenir : l’eau arrivait dans les cuisines et une maman de rêve souriait de toutes ses dents de papier glacé ; ère du spoutnik. Les grands ensembles participaient au progrès repoussant les bidonvilles vers Rio à portée de Concorde. La science peut séduire aujourd’hui dans sa version « Sciences et vie junior » avec une présentation agréable qui met de la simplicité dans un domaine où la complexité nous rend souvent perplexe.
Le concept de « la main à la pâte » s’est installé alors que main et pâte sont mal vues, à l’heure des précautions par principe où les ingrédients risquent la péremption et les doigts sans gant, une désinfection draconienne. La démarche méritoire des émules de Charpak reprend le tâtonnement expérimental des pionniers Freinet. La médiatisation a été efficace mais l’ambition a paru à beaucoup difficile à atteindre. Les mises en place s’avèrent parfois trop lourdes et guider les élèves d’une façon suffisamment subtile et efficace exige une technique certaine. Quelles expériences doit-on inventer pour répondre aux questionnements ? A ne pouvoir imiter les plus passionnés, on risque de ne rien accomplir du tout. Pour permettre aux enfants de ne pas s’enferrer dans des bricolages vains, j’ai passé beaucoup de temps à batailler autour d’une aiguille ; et que je la frotte en tous sens contre un aimant, mais celle-ci refusait de donner le nord : il fallait la frotter dans un seul sens. Euréka, mais que de temps passé !
Dans les livres émouvants des années cinquante aux illustrations claires, des idées d’expériences abondent et les méthodes actives sont tout à fait recommandées autour de la conjugaison des verbes : agir, réfléchir, conclure, retenir. Pourquoi ce dernier mot fleure un peu la brocante ? Quel régal pour les élèves de manier, triturer, essayer, construire! Les manuels, les sites foisonnent. L’émission « c’est pas sorcier » avec son côté bricolo rapproche le spectateur de l’expérimentateur et procure des idées de manipulations. Les temps nous conduisent à la propreté, à l’asepsie, mais il vaut mieux que l’expérience se déroule en classe au risque de laisser une odeur persistante de bois après distillation qui enrichira la mémoire. Les cris d’effroi un peu surjoués, poussés quand il s’agit d’extraire le cristallin de l’œil d’un bœuf, se mêlent de curiosité. Réserver à l’abattoir un œil pour chaque élève comme avant que la vache ne fut folle relève du parcours du combattant, mais l’effet reste garanti. Les expérimentations réalisées pour tous les élèves demeuraient plus aquatiques avec leur lot de bouteilles en plastique pour construire des clepsydres de fortune. Un biceps de baudruche gonflé à la paille levait un avant bras plus efficacement qu’un bol d’E. P.O. Une machine à vapeur en maquette siffle et fume, elle fonctionne à l’alcool solidifié et permet de comprendre bien des mécanismes produisant de l’énergie. Un bouchon en pomme de terre au bout d’un tube a sauté après la vaporisation d’un peu d’eau qu’il contenait. Situation : qu’est ce qui va se passer ? Pourquoi ? Confrontations. La vapeur pousse dans le piston, mais la naïveté sera le ressort, la curiosité la turbine, l’étonnement le moteur.
Je me souviens de bouteilles en plastique lestées diversement qui « pesaient le vent », chez un de mes maîtres.
Les enfants n’ont plus l’occasion de voir dépouiller un lapin ou la saillie d’une vache. Canal + y pourvoit en saillies, mais les plus belles images de synthèse ne vaudront pas le plaisir de ramasser ses propres radis dans son carré de potager scolaire. Souvent les élèves ont été bien sensibilisés avec des élevages, des plantations les années précédentes, ils ont profité de séjours en classes vertes à construire des moulins à eau, à cuire des tartes avec leurs cueillettes. Ils poursuivent ces activités attractives en C.M. : montages électriques qui éclairent par exemple des boîtes à chaussures décorées pendant les temps d’arts plastiques.
Lego offre des ressources infinies pour la technologie et c’est encore meilleur depuis que cette marque ne connaît plus la même faveur chez les marchands et leurs victimes.

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