lundi 2 février 2009

« Il Divo »

J’aime l’Italie, et je fais à chaque fois l’étonné quand s’accumulent les preuves d’un état gangréné par la maffia. Pas besoin d’être très au fait des arcannes de la vie politique de nos voisins, le parcours d’Andreotti de ces cinquante années au pouvoir est accablant pour la société transalpine, et en même temps le cinéma français est bien incapable de produire un film aussi fort sur son personnel politique. L’humour du « pape noir », de « l’inoxydable » lui épargne un costume trop caricatural de salaud :"on m’accuse à peu près de tout, sauf des guerres puniques". Chaque plan est parfait, non comme un habillage branché, mais au service d’une investigation, qui va au-delà d’un destin politique : la caméra s’approche du masque de l’énigmatique insomniaque, et balaie les sombres palais Romains à un rythme endiablé. « Belzébuth » va se confier à un prêtre très tôt le matin, entouré d’une armada de policiers ; des suicides, des règlements de compte s’accumulent en parallèle, Aldo Moro est sacrifié. Des cartouches assassins énoncent la grossièreté de l’immunité du sénateur. Nous suivons le bossu impénétrable et solitaire dans sa vie de petit bourgeois migraineux, nous entendons la férocité de l’état et notre incrédulité s’excite :"le mal est nécessaire pour arriver au bien".

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