mercredi 7 janvier 2009

Grammaire. Faire classe # 16


La bannie ressusciterait.
Ne plus courir après la mode conduit cycliquement à la branchitude. Les effets d’annonce s’éventent en sortant des flacons; les durées différent dans les J.T. et dans les classes.
J’écrivis sur le tableau au retour de la récré du matin :
« Cyril a oublié son goûter »
Cyril devient sujet.
Il peut s’accrocher à décortiquer une phrase comme on pèle un fruit et qu’on le déguste.
Ce n’est pas Arcole forcément, ni Dien Bien Phu ; il faut en passer par-là.
Lecteur furtif mais vampirique, j’aime convoquer Orsenna et ses îles où les adjectifs sont collants et les pronoms prétentieux :
« Je savais maintenant, et pour toujours, que les mots étaient des êtres vivants rassemblés en tribus, qu’ils méritaient notre respect, qu’ils menaient, si on les laissait libres, une existence aussi riche que la nôtre, avec autant de besoin d’amour autant de violence cachée et plus de fantaisie joyeuse »
ou pour illustrer l’adjectif démonstratif, Jean Louis Fournier :
« Cette autruche qui pond debout est une mère indigne ».
Le rapport que l’académicien a remis, jadis, au ministre a tenu les colonnes de journaux, une petite semaine. La réhabilitation de la grammaire n’a pas soulevé de débats ébouriffants, peut être bien parce que beaucoup de praticiens n’avaient pas suivi le nouveau vent nouveau.
Il y avait un penseur fécond, La Garanderie, qui distinguait visuels et auditifs; j’en ai retenu aussi qu’il est des formes de compréhension qui se meuvent très bien avec la globalité: alors la règle sera immanente; d’autres auront besoin d’une loi posée en préalable pour mieux comprendre.
En classe, les ficelles d’animateur aident parfois : « tout le monde debout ! ». On s’assoit quand on a donné un adjectif qualificatif. On s’ébroue. On extrait du magma discoureur, les outils pour fabriquer à son tour en toute connaissance de cause.
L’intuition peut suffire à certains, mais donner quelques étayages pour plus de précision dans la compréhension : c’est bien notre mission, non ? Renoncer parce que c’est austère, voire difficile c’est mépriser l’intelligence.
Comme pour les mathématiques modernes, un Rouchette passa par-là et nous rendit méfiants sur les experts qui positionnent les enfants au milieu de l’arène de leurs recherches. Les gamins auront le temps plus tard, avec des armes pour juger et non la seule tyrannie de la mode, du conformisme comme guide. Bien sûr ils doivent être en situation d’investigation, d’exploration, invités à fureter. Ils ne peuvent ordonner le sens du travail.
Je n’ai toujours pas saisi pourquoi on prétend faire accéder les « apprenants » au rang de chercheurs et qu’on les éloigne de certaines exigences qui seraient paraît-il inaccessibles. Faillite des adultes qui font semblant d’abandonner la barre. Mais les mêmes ne rendent pas les clefs quand le moment de la retraite vient.
Nous avons réalisé à plusieurs reprises des petits films d’animation en classe ; entreprise de plus en plus lourde à mesure que le matériel devenait de plus en plus sophistiqué et les intervenants de plus en plus professionnels ; la paperasse déborda, les élèves avaient de moins en moins voix au chapitre. A ces occasions ils étaient initiés à une « grammaire » de l’image : ce qu’apporte un gros plan, une contre-plongée. Beaucoup de compétences des enfants des années 2000 pouvaient entrer en jeu, pourquoi leur contester avec l’écrit le droit d’entrer dans la salle des machines ?
Grammaire n’est pas une vieille indigne.
- Le livre de Français pour réviser lors du contrôle trimestriel.
- Livret pour exercices où des phrases sont à scinder, colorier, surligner.
- Cahier où écrire.
- Dénominations simples : le C.O.D. ou complément essentiel.

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