jeudi 25 décembre 2008

Petit Coca Noël


Il fut un temps péremptoire où la politique était reine, aujourd’hui elle s'étiole dans la recension de petites phrases. Alors que Sarkos savait comme Gramsci que la lutte sur le plan culturel était déterminante : il a gagné. Avons-nous perdu de nous être tant goinfré d’ironie, de joyeuses démolitions, laissant la place aux trafiquants de valeurs ?
Je reviens sur ces années bousculantes pas seulement pour compter en rond, mais parce qu’elles ont formé la matrice de nos pensées.
Quand j’entends aujourd’hui un chroniqueur de France Inter prétendre dépuceler les oreilles des enfants, en leur révélant pour la dixième fois que la père Noël est un produit Coca Cola, je me dis que les humoristes ne sont plus forcément du côté de l’anti-conformisme.
Je n’ai pas le sentiment de courir au secours du grand commerce en pensant que nous avons besoin des Noëls.
Nous avons besoin de croire, encore plus si nous sommes athées, à la lumière au cœur de l’hiver, comme les hommes l’ont fait bien avant le christianisme.
Dans nos sociétés digicodées, un bébé dans la paille, sans papier, est un beau symbole de croyance en la vie. Sous le souffle de l’âne réprouvé et de la bête de somme : la majesté de l’homme.
Je me défends d’être atteint par quelque tardive piqûre mystique et souris toujours à la remarque de Julos Beaucarne qui trouvait approprié l’encens offert par les rois mages pour masquer les odeurs d’étable. Mais je crois les mythes nécessaires à notre construction d’homme. Un enfant grandit lorsqu’il apprend que le père Noël n’existe pas, et quand il y a cru de toute son âme, c’est encore meilleur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire